Léandre et Héro, réduction clavier
cantate à voix seule et symphonie
Cette nouvelle cantate publiée par le Centre de musique baroque de Versailles, Léandre et Héro, fut, avec Orphée, l’une des œuvres de Nicolas Clérambault et Marie de Louvencourt qui suscita le plus d’admiration dès le xviiie siècle. Une histoire d’amour tragique : sujet idéal pour une cantate française d’une conception plus noble, moins galante – à l’image de Médée, du même duo.
Léandre d’Abydos et Héro de Sestos s’aimaient en secret. Mais leurs deux cités étaient séparées par l’Hellespont. Chaque nuit, Léandre traversait donc la mer à la nage, guidé par la lampe qu’Héro allumait. Lors d’une nuit de tempête – ou parce que la lampe s’était éteinte, selon les versions – Léandre se noya. En découvrant son corps échoué sur le rivage, Héro se jeta à son tour dans les flots.
Le premier air permet à Léandre d’exprimer, dans un style direct, son amour impatient ; dans le deuxième, le poète (nous dirions aujourd’hui : le narrateur) implore Neptune d’épargner son personnage ; dans le troisième et dernier air, il tire la morale de l’histoire en s’adressant à l’Amour sur un ton accusateur.
Si la présence d’une symphonie introductive pour une cantate « avec symphonie » n’a rien d’inhabituel, le dernier récitatif surprend par sa longueur, au point d’être traité en quatre numéros différents, avec en leur centre une « tempête ». Ce passage – qui n’est pas un air, mais une sorte de récitatif accompagné et mesuré – est sans conteste le morceau le plus saillant de l’œuvre.