Polyphème
cantate à voix seule et symphonie
La série des cantates publiées par le Centre de musique baroque de Versailles s’enrichit d’un nouveau numéro de Clérambault : Polyphème, cantate pour voix de basse, flûte et violon, tirée du Premier livre de cantates du compositeur, sur un livret anonyme.
L’histoire, inspirée des Métamorphoses d’Ovide, met en scène le cyclope Polyphème, éconduit par la néréide Galatée au profit du jeune berger Acis. Il apaise sa jalousie en tuant son rival sous un rocher.
Polyphème ne figure pas parmi les cantates les plus célèbres de Clérambault, mais son originalité, plus discrète, n’en est pas moins réelle. Les cantates pour voix de basse avec « symphonie » (c’est-à-dire avec un ou plusieurs instruments obligés) demeurent rares, en particulier avec l’instrumentation demandée par Clérambault, où le violon alterne avec la flûte.
Sa structure suit le schéma habituel des cantates françaises : six numéros alternant trois récitatifs et trois airs da capo (forme directement importée d’Italie), avec, pour conclure, l’air final désigné comme « le point moral de l’ouvrage », selon les mots de Jean-Baptiste Rousseau, poète réputé pour avoir importé la cantata italienne en France.
Comme nombre de cantates de Clérambault, notamment celles écrites sur des livrets de Marie de Louvencourt, Polyphème accorde une place importante au style direct, avec notamment deux airs à la fois très développés et fortement contrastés dévolus au personnage éponyme.