Grands motets de l'Académie des Beaux-Arts de Lyon
Henry Desmarest, exilé, fort d’une expérience qui l’a mené en Belgique et en Espagne, prend le poste de surintendant de la musique de Léopold 1er, Duc de Lorraine et beau-gendre de Louis XIV. La Lorraine vient de trouver son indépendance et le Duc Léopold s’efforce de développer sa Musique.
La production musicale de Desmarest pour la Lorraine est pour sa plus grande partie perdue et de ce qu’il nous reste il n’est pas encore possible d’affirmer ce qui fut particulièrement destiné au duché lorrain. S’il est certain que ces deux motets font partis de ceux composés lorsqu’il y était, les recherches n’ont pu mettre à jour de nouveaux éléments qui permettrait d’affirmer qu’ils fussent les seuls vestiges du faste de la cour ducale.
Ils n’en restent pas moins le témoignage du talent extraordinaire de Desmarest, nourrit de ses origines à la cour de Louis XIV et sur la scène lyrique de Paris, de ses voyages, de son expérience et au contact des musiciens européens de Belgique et d’Espagne que son exceptionnelle destinée devait mettre sur sa route.
Ce Te Deum, dit version de Lyon par opposition à la version dite de Paris, est de dimension plus modeste. Il n’utilise que 5 solistes vocaux (2 dessus, haute-contre, taille et basse), un chœur à 4 parties « à la française » (dessus (divisés), hautes-contre, tailles et basses) et un orchestre à 4 « à la française » (dont deux parties d’altos) avec hautbois, flûtes, bassons et bien sûr trompettes et timbales.
L’Usquequo Domine version de Lyon est quand a lui manifestement un arrangement du premier Usquequo Domine dit de Paris composé par Desmarest. Cette version, légèrement plus courte nécessite 4 solistes vocaux (dessus, haute-contre, basse-taille et basse), un chœur à 5 voix (dessus (divisés), hautes-contre, tailles, basses-taille et basses) et un orchestre à 4 (dessus de violon, haute-contre de violon, taille de violon et basse de violon) avec flûtes (1 & 2) et une mention « flûtes ou hautbois », seule indication pour ce dernier instrument.
L’écriture de Desmarest est subtile et use souvent de fugues assez complexe réservant l’interprétation de ces motets à des musiciens plutôt confirmés.
Cette édition de Catherine Cessac, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de Marc-Antoine Charpentier, s’appuie sur les copies conservées à Lyon et qui appartenaient à la bibliothèque de l’Académie des Beaux-Arts. L’éditeur revient sur les éléments historiques donnant des indications précieuse quand aux possibilités de datation, la diffusion et la réception de ces œuvres, et a effectué un travail méticuleux de reconstitution du prélude du Te Deum.