La Vénitienne
Ballet en un prologue et trois actes créé le 26 mai 1705 à l'Académie royale de musique, Paris
Second fruit de la collaboration entre le dramaturge Antoine Houdar de La Motte et le flûtiste et compositeur Michel de La Barre, La Vénitienne fut créée le 26 mai 1705 sur la scène de l’Académie royale de Musique. Deuxième exemple de comédie lyrique (malgré son appellation, selon les sources, de « ballet » ou « comédie-ballet »), nouveau genre dramatique à sujet comique et à action suivie, cette Vénitienne est aussi le premier opéra à bannir tout dieu de son intrigue centrale ; seul le prologue fait appel à des divinités, toutefois mineures. De nombreux éléments, tant dans l’inspiration du livret que dans la construction et l’inspiration de la partition, révèlent la modernité de cette œuvre qui garde volontairement des proportions plus modestes que les classiques et nobles tragédies en musique.
Les personnages de La Vénitienne et les situations qui y sont peintes---- dans les moindres détails (abondance de didascalies et indications de jeu) proviennent en droite ligne de la tradition du Théâtre–Italien. L’on y voit poindre la rivalité, encore prudente, entre nobles (Octave, Isabelle) et leurs serviteurs (Zerbin, Spinette) ; ces derniers, particulièrement importants, sont bien sûr plus malins que les premiers. L’on y voit des quiproquos amoureux spontanés et audacieux. Le détournement et le travestissement sont prétextes à des situations tour à tour cocasses et pathétiques, agrémentées par la fantaisie la plus joyeuse. Le contexte est particulièrement propice à la satire et à la parodie. Le Théâtre-Italien proposait en effet à la fois un comique traditionnel (Commedia dell’arte) mais aussi un comique plus nouveau, qui sera magnifié par Carlo Goldoni, puis transposé au théâtre français par Marivaux ou Beaumarchais. La Vénitienne apparaît donc à la fois comme une critique des stéréotypes de l’opéra mais aussi, dans une certaine mesure, du théâtre français, le tout aboutissant à un véritable « marivaudage » avant la lettre.
Toutes ces références comiques et les procédés parodiques sont soulignés, de manière souvent très subtile, dans la partition de Michel de La Barre. Au-delà de la satire, la musique de La Barre, sobre, juste, efficace et toujours raffinée, sait capter l’ambiance de fête vénitienne dans des teintes d’inspiration populaire, dans des procédés chers aux compositeurs les plus novateurs de cette époque, tels André Campra ou André Cardinal Destouches.
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