Penthée
Tragédie en musique donnée le 16 juillet 1705 au Palais-Royal, Paris
Penthée, opéra de Philippe d’Orléans publié par le Centre de musique baroque de Versailles, s’impose comme une partition de belle facture, érudite mais d’une grande inventivité, sensible et touchante, due à l’imagination féconde et à la plume assumée d’un prince-musicien fascinant, dilettante, mais doué.
Selon la page de titre de la source musicale manuscrite, l’opéra fut représenté dans la grande salle du Palais-Royal le 16 juillet 1705. Il fut sans doute aussi redonné à Paris le 8 mai 1706, devant le Grand Dauphin et la princesse de Conti. Mais en dehors de ces représentations privées, le duc d’Orléans n’en n’avait permis ni représentation publique ni impression.
Penthée va épouser Érigone et ainsi asseoir la dynastie de Cadmus sur Thèbes, bien qu’Érigone n’y consente que par devoir, car son cœur appartient à Bacchus, que tout le monde croit mort. Les dieux, interrogés, ne consentent pas à ce mariage qui de ce fait se trouve annulé, malgré les véhémentes protestations de Penthée qui provoquent leur colère. On apprend alors, discrètement, le retour des Indes de Bacchus, qui s'en va rejoindre sa bien-aimée. Penthée, qui tente de mener à bien son mariage contre l'avis des dieux, presse Érigone de le rejoindre. Les tentatives de cette dernière de retarder ce mariage font douter Penthée de sa fidélité. Agave, sa mère, lui apprend le retour de Bacchus, qui est également son rival pour le trône. Penthée cherche alors à interrompre la fête en l’honneur du retour de Bacchus. Ce dernier lui propose un compromis tout en lui révélant son ascendance divine, mais Penthée persévère. Les Ménades commencent la fête ; Agave se vante d’avoir abattu un jeune lion. Il revient à Cadmus, son mari, de lui ouvrir les yeux et lui apprendre que ce qu'elle prenait pour un lion n'était autre que son fils, Penthée, métamorphosé par Bacchus. Horrifiée par son infanticide, elle se jette à la mer.
Le livret du marquis de La Fare suit ----le modèle quinaldien. L’orchestre à 5 parties, riche et dense, magnifie de grands monologues et récits accompagnés, de vastes scènes de divertissement, toujours très inventives. Les récitatifs sont vifs, variés, ponctué de petits airs ou de dialogues ciselés. Penthée reste ainsi dans sa facture a priori plus proche des conventions de l’époque, héritée du modèle lullyste. Mais le prince y cède aussi à son penchant pour une italianité affirmée, suscitant des mouvements à la fois originaux et complexes. Il montre une belle maîtrise du fugato, des instrumentation originales et un goût certain pour des tonalités complexes. Peut-être faut-il y voir une trace des leçons de Charpentier, pour qui l’ « énergie des modes » avait une importance primordiale…