Missa pro defunctis
FrG.006
Le Centre de musique baroque de Versailles poursuit l’édition de l’œuvre remarquable de François Giroust, lointain successeur de Michel-Richard de Lalande à la tête de la musique de la Chapelle et de la Chambre du roi, avec la publication de la Missa pro defunctis, une œuvre chorale intimement liée à la vie de cour sous l’Ancien Régime.
Compositeur déjà reconnu, François Giroust accède à la prestigieuse charge de la musique de la Chapelle royale de Versailles avec le soutien de Marie-Antoinette, en 1775. Dès son premier semestre, il doit composer et faire jouer la messe pour le sacre de Louis XVI, tout en renouvelant le répertoire du quotidien. Dans cette période intense, il continue d’enrichir le corpus musical au-delà de son semestre, comme avec cette Missa pro defunctis qui servira dès 1776 et jusqu’en 1792 aux messes anniversaires célébrées pour la mémoire de Louis XV.
Cette œuvre illustre la tension qui règne sur la cour, prise en étau entre un cérémonial conservateur et l’effervescence créative de la capitale que les jeunes souverains, notamment Marie-Antoinette, souhaitent favoriser. Elle reprend la trame ancienne et l’esprit du cérémonial gallican du très officiel Requiem de d’Helfer qu’elle vient remplacer. François Giroust, en compositeur talentueux et moderne, y insuffle une musique qui partage la grâce lyrique emprunte à Jean Gilles et, dans son utilisation de grands chœurs contrapuntiques sévères, l’avant-garde de Gossec, faisant de cette Missa pro defunctis une œuvre chorale solennelle très émouvante.
La Missa pro defunctis mobilise un chœur à 5 parties dont les dessus sont divisés (Dessus 1 & Dessus 2, Hautes-contre (ténors légers), Tailles (ténors), Basses-tailles (barytons) et basses). Bien que dépourvue de récits, un petit chœur de solistes peut renforcer l’effectif en assurant les intonations et les passages en petit effectif. L’orchestre est réduit à 2 parties pour les violons, 2 hautbois et une partie de basse sur laquelle jouent bassons, violoncelles et contrebasses ad libitum. L’on pourra également y ajouter un orgue, bien qu’aucun chiffrage ne soit présent sur cette partie.
François Giroust (1737-1799) est le dernier grand compositeur de motets français. Formé à Notre-Dame de Paris, il se distingue à Orléans et remporte le concours de motet du Concert Spirituel en 1768. En 1775, il rejoint la Chapelle Royale de Versailles, où il compose de nombreuses œuvres. Après 1789, il suit la famille royale à Paris et écrit pour la Chapelle des Tuileries. En 1790, l’un de ses motets est le dernier à être entendu en concert à Paris, qui marque la fin du Concert Spirituel. Sa musique disparaît avec la monarchie. Pendant la Révolution, il compose pour des cérémonies officielles et occupe un poste de concierge au château de Versailles. Élu à l’Institut de France en 1796, il meurt en 1799, juste avant le rétablissement de l’Église par Napoléon. Sa veuve vend ses partitions au Conservatoire, assurant leur préservation.