Airs spirituels
Les Airs spirituels en forme de motets de Henry Du Mont marquent une date charnière dans l'histoire de la musique spirituelle.
D'une part, ils s'inscrivent dans la tradition du « premier XVIIe siècle » et de la Contre-Réforme, trouvant place parmi les nombreux recueils de musique spirituelle qui furent alors publiés pour concurrencer aussi bien les psautiers huguenots que les chansons profanes des « libertins ». Mais d'autre part, contrairement à la plupart de ces recueils, l'œuvre de Du Mont témoigne d'une ambition artistique unique dans ce répertoire, qui annonce les grandes réalisations de la fin du siècle sur les cantiques spirituels de Racine. Ces Airs spirituels tirent tout leur intérêt musical de la convergence de ces deux finalités didactique et artistique si caractéristiques de la pensée française du XVIIe siècle. Avec des moyens musicaux réduits à trois ou quatre voix et une basse continue, Henry Du Mont a donc réalisé des prodiges dans la finesse de la composition, qu'il s'agisse de la conduite mélodique des différentes voix, ou de la délicatesse de l'harmonie. Il faut rappeler que cette musique est au service d'un des textes fondateurs du grand lyrisme religieux classique - la paraphrase de quelques pseaumes & cantiques de Messire Anthoine Godeau - qui connut en son temps un renom et une diffusion exceptionnels.
Ne présentant pas de difficultés techniques particulières, mais riche d'une grande musicalité, ce répertoire peut séduire aussi bien les chœurs ou les ensembles vocaux amateurs que les spécialistes de la musique française. Cet intérêt musical se double d'un intérêt musicologique majeur. Maître de la Chapelle Royale, Du Mont fut l'un des créateurs du grand motet et joua un rôle considérable dans l'élaboration du nouveau style religieux sous Louis XIV. Pour le musicologue, les Airs à quatre parties apportent un éclairage unique, aussi bien pour la compréhension de l'histoire de la musique spirituelle que pour celle de l'œuvre et de la personnalité de Du Mont.
Le recueil est composé de trente airs à quatre voix avec basse-continue, de dix airs à trois voix avec basse continue et accompagnement d'un dessus instrumental, et de trois petits motets en latin. À l'exception de deux airs particulièrement développés, les autres comprennent entre 15 et 30 mesures.