Ce nouveau volume de l'édition monumentale de l'œuvre de Marc-Antoine Charpentier entreprise par le Centre de musique baroque de Versailles conclut le répertoire des Leçons et répons de Ténèbres.

Marc-Antoine Charpentier (1643-1704) a laissé cinquante-trois compositions directement liées aux offices de Ténèbres. Comprenant des leçons et des répons, mais aussi des fragments (lettres hébraïques et préludes instrumentaux), ce corpus est l’un des plus importants laissés par un compositeur français pour cette liturgie. Les œuvres se répartissent en deux grands ensembles : H.91-119 et H.120-144. Ils se distinguent l’un de l’autre par leur chronologie, leurs commanditaire(s) et/ou destinataire(s), et par la manière dont les pièces s’articulent avec la liturgie. Le second ensemble, qui fait l’objet de ce volume, est constitué des quatorze leçons et dix répons, composés entre la fin des années 1680 et le milieu des années 1690 par Charpentier, alors au service des Jésuites.

Les leçons fonctionnent par trois, en fonction de ----leur position dans la liturgie de chacun des trois jours saints : un groupe de trois « premières » leçons (H.120-122) ; un groupe de « secondes » leçons (H.138-140) ; et trois groupes de « troisièmes » (H.123-125, 135-137, 141-143). Les dix répons H.126-134 et 144 en revanche ne forment pas un cycle homogène sur le plan liturgique. L’utilisation d’effectifs récurrents à l’intérieur des différents groupes en renforce l’homogénéité. Ces effectifs sont assez importants : les leçons H.135-137, par exemple, convoquent un dispositif vocal et instrumental conséquent, divisé dans l’espace, requérant au minimum 15 exécutants. Toutes les œuvres réunies ici ont très probablement été composées pour être jouées dans l’une des trois principales maisons jésuites de Paris.

Adrian Powney travaille à la Faculté des Arts de l'Université de Birmingham en Angleterre. Il a étudié la musique et a obtenu un Honours Degree de Première Classe ainsi qu’un Master avec distinction au Royal Birmingham Conservatoire, spécialisé en musicologie historique. Ses recherches doctorales portent sur les pratiques d'interprétation du baroque Français et examinent la relation entre les signes de mesure et le tempo dans la musique de Marc-Antoine Charpentier. Il a publié dans la revue du Bulletin Charpentier, écrit des notes de programmes et de CD et édité pour des ensembles professionnels des œuvres de Charpentier ainsi que d'autres compositeurs français du XVIIe siècle.