Ariane consolée par Bacchus
cantate pour voix de basse
C’est un événement rare que de pouvoir proposer au public une œuvre inédite de François Couperin. Après la sortie d’un magnifique enregistrement avec Stéphane Degout, le claveciniste et chef d’orchestre Christophe Rousset publie, avec le musicologue Julien Dubruque, Ariane consolée par Bacchus, qui a pu être attribuée à Couperin le Grand ; cette cantate pour voix de basse et viole de gambe obligée, sur un poème attribué à Antoine de La Fosse, a été retrouvée dans un recueil manuscrit conservé à Toulouse. L’inestimable perte de cette œuvre, que déplorait en 1980 Philippe Beaussant dans la biographie qu’il consacrait au compositeur, est ainsi réparée.
Parmi les cantates françaises du début du XVIIIe siècle, Ariane a choisi son camp : elle penche vers l’Italie, comme celles de Morin, de Bernier ou de Stuck, et non vers l’opéra français, comme celles de Campra ou de Clérambault. Sa structure en trois récitatifs et trois airs, son architecture tonale, ses répétitions de mots reflètent la tentative de Couperin d’acclimater le genre. Il s’en faut pourtant qu’Ariane consolée par Bacchus soit dépourvue d’influences françaises. Le sujet, la tessiture du chanteur assez restreinte, l’absence de vocalises évoquent une vocalité plus proche de l’air à boire français. Le dernier air est même fascinant : le chanteur, la viole obligée et le clavecin y prononcent parfois tous trois une même voix, mais d’une manière subtilement différente.
Les cantates proposées par le Centre de musique baroque de Versailles commencent à constituer un bel ensemble de 12 volumes.