Suite de Thomyris
Cette nouvelle édition du Centre de musique baroque de Versailles de la Suite de Thomyris rend à Dieupart la partie de cette œuvre qui lui revient et met en lumière l’un des rares témoignages de son passage au théâtre à Londres.
Thomyris est un pasticcio, une œuvre recomposée à partir de fragments empruntés à des succès : il y a des récitatifs de Pepusch et des airs adaptés de Scarlatti et de Bononcini. Sa création a lieu à Londres en 1707 sur le théâtre de Drury lane dirigé par Christopher Rich. Elle y est reprise sept fois avec un plateau prestigieux, avec Dieupart au clavecin. En 1708, le théâtre de Haymarket reprend ce succès. Il est dirigé par l’entrepreneur concurrent John Vanbrugh qui vient d’obtenir l’exclusivité des représentations lyriques à Londres. La coutume voulant que les œuvres soient la propriété de leur producteur, Dieupart, qui avait pris part à une mutinerie des musiciens et chanteurs contre le tyrannique Christopher Rich et rejoint cette nouvelle troupe, fut enjoint de composer de nouveaux intermèdes. C’est sous cette dernière forme qu’elle resta plus de dix ans à l’affiche.
Cette suite est écrite pour orchestre à l’anglaise à quatre parties (deux violons, alto et basse) sans indications d’instrumentation, d’ornementation ou de chiffrage. À titre indicatif, on pourra s’inspirer des effectifs que rémunérait le théâtre Haymarket : deux hautbois, trois bassons, une trompette, cinq premiers et cinq second violons (trebles), deux altos (tenor) et cinq violoncelles (bass).
François Dieupart, également connu sous le nom de Charles Dieupart, est un compositeur français, né à Paris en 1676, qui fit carrière en Angleterre, où il suit Jacques Paisible et « Lady Sandwich ». On le retrouve notamment dans une entreprise pour la promotion de l’opéra italien à Londres. Ce projet sera mis à mal par le succès des œuvres lyriques de Haendel à partir de 1710. Toutefois, Dieupart semble jouir d’une solide réputation d’interprète, musicien d’orchestre et professeur de clavecin. En 1736 Dieupart revient définitivement en France. Dans la région de Melun, il vit à l’écart de la scène musicale. Il épouse Angélique Anne Lefevre des Boulleaux en 1744. Il s’éteint, sans descendance, dans le petit village de Saint-Germain-sur-École où il est inhumé le 26 janvier 1751. Ses oeuvres connurent un certain succès, notamment ses 6 suites pour le clavecin largement distribuées en Europe et qui auraient inspiré les suites anglaises de Jean-Sébastien Bach.