Motets pour chœur, vol. 8
Motets à 6 voix, 2 dessus instrumentaux et basse continue
Ce volume réunit les motets destinés à un petit choeur de 6 parties (8 voix sont nécessaires) accompagné par un trio instrumental. Ils ont été composés entre 1684 et 1687 pour la musique de la prestigieuse maison de Mlle de Guise. Charpentier met à profit l’effectif important et haut en couleurs pour jouer des timbres et de la spatialisation. Il traite d’un côté un trio de voix de femmes, de l’autre un trio de voix d’hommes qui vont, tout au long des oeuvres, dialoguer, se répondre, se poursuivre et se compléter. Les récits associent en duo et en trio l’ensemble de ces voix pour faire sonner les multiples possibilités. Cet effectif vocal inhabituel (que l’on retrouvera dans sa Missa Assumpta est ), permet à Charpentier de développer un contrepoint extrêmement fin. Ces oeuvres sont destinées plutôt à un ensemble de solistes.
Bien que l’architecture de ces motets soit à 6 voix, seul l’Annuntiate superi peut se suffire de 6 chanteurs.Tous les autres motets sont écrits pour un ensemble de 8 chanteurs comprenant 4 voix de femmes (haut-dessus divisés, dessus et bas-dessus) et 4 voix d’hommes (haute-contre, taille et basses divisées), seules les parties extrêmes étant, en l’absence de division, à deux (deux motets peuvent également se chanter à 9, par division des dessus). L’intitulé des voix de femmes fait ici référence à la partie contrapuntique et non à la tessiture. Quant aux instrumentistes, l’éditeur scientifique suggère un ensemble de chambre composé de deux dessus de viole et de la basse continue.
Dans son introduction,Théodora Psychoyou s’attache tout particulièrement à l’étude des différentes strates que révèlent les sources de Marc-Antoine Charpentier. Un remarquable travail qui éclaire sur le métier du compositeur confronté à la reprise de ses oeuvres dans des contextes très différents (et donc avec des effectifs différents), et qui résout les contradictions des nombreuses annotations de Charpentier, tout particulièrement dans le Miserere mei Deus [H.193] plus connu sous le nom de Miserere des Jésuites, restitué ici dans la version initiale composée pour la maison de Mlle de Guise.
Avec l’introduction en français et en anglais, le volume contient également les textes des motets (et leur traduction française et anglaise), 6 fac-similés en illustrations et un appareil critique en plus de la musique.
Théodora Psychoyou est maître de conférences à l’université Paris IV-Sorbonne et chercheur associé au Centre de Musique Baroque de Versailles. Elle a été pensionnaire de l’Académie de France à Rome (2005-2007) et membre de l’équipe du RISM (manuscrits musicaux anciens) à la Bibliothèque nationale de France (1997-2005). Ses travaux portent sur l’histoire de la théorie musicale aux XVIIe et début du XVIIIe siècles, sur l’économie et le statut des sources musicales et théoriques et sur la musique religieuse au XVIIe siècle, notamment celle de Charpentier. Elle prépare actuellement la publication d’un catalogue des écrits théoriques en France, 1623-1722 (CMBV/Olms), assorti d’une base de données (CMBV-PHILIDOR).