Pancrace Royer
Joseph-Nicolas-Pancrace Royer, plus simplement appelé Pancrace Royer, naît à Turin (Italie) vers 1705. Maître de musique des enfants de Louis XV en 1734, il co-dirige le fameux Concert-Spirituel dès 1748. Il entre ensuite à l’Académie royale de Musique comme Maître de musique puis Inspecteur général. Parallèlement, il devient Compositeur de la Musique de la Chambre du roi en 1753. Il sut mettre à profit ses différentes fonctions pour raviver l’engouement du public pour les concerts des institutions musicales qui lui furent confiées. Il est aujourd’hui connu pour son très beau livre de pièces de clavecin.

L’œuvre
La carrière du brillant Rameau sur la scène lyrique a aujourd’hui éclipsé jusqu’aux plus belles œuvres de ses contemporains. Le Pouvoir de l’Amour fait pourtant partie de celles-ci. Royer montre une parfaite maîtrise des harmonies riches, des orchestrations variées et des textures complexes. Exigeant pour les chanteurs, il se montre précis dans ses ornements. Très nettement influencé par le style novateur de Rameau, il y apporte une personnalité non moins importante.

Ballet-héroïque en un prologue et trois entrées, le Pouvoir de l’Amour réunit quatre intrigues dont la trame est inspiré du titre de l’œuvre. Nous sommes loin des pastorales et les scènes offrent une belle dramaturgie propre à l’opéra baroque : magie, enchantements, rites païens, scènes de sauvages, le tout en vers du plus bel effet. Le livret, longtemps attribué à Charles-Hugues Le Febvre de Saint-Marc semble plus probablement de l’abbé Voisenon, autre figure emblématique de la littérature du XVIIIe siècle et ami de Voltaire et Royer.

Synopsis
Prologue :
Prométhée descend du Ciel pour animer l’humanité, grâce à une étincelle volée aux dieux. Jupiter envoi le chœur des passions tourmenter les nouveaux hommes en représailles. L’imagination vient à leur secours, qui donne naissance à l’Amour et aux plaisirs pour soustraire les hommes aux tourments infernaux.

1re entrée
Dans le jardin de la Fée, avant son départ elle donne ses recommandations à Céphise, sa confidente, pour protéger sa fille Zélide. La Fée ayant gagné son pouvoir par sa vertu craint que le fils de son ancien soupirant n’accomplisse sa vengeance. Céphise demande à Doris de divertir Zélide atteinte d’une extrême langueur. Mais malgré les divertissements elle n’y parvient pas, et l’aimable Émire, tant redouté, emporte le cœur consentant de Zélide, et démontre la supériorité de l’Amour.

2e entrée
Dans le temple de Bacchus, apprêté pour la fête, la fille du roi Midas apprend au Grand-Prêtre la décision de son père de la marier à un autre. Jurant vengeance, le Grand-Prêtre défi le roi orgueilleux. Il le maudit par le pouvoir de Bacchus. Midas, méprisant, transforme en or arbres, portes et temple pour montrer sa puissance. Mais dorénavant tout ce qu’il touche se change en métal précieux, répandant mort et effroi. Pour obtenir pardon il consent à l’hymen de sa fille et du prêtre.

3e entrée
Les sauvages vont sacrifier Marphise pour satisfaire le dieu Apollon. Celui-ci, épris de la victime, prend les traits du sacrificateur. Le grand rite commence. Apollon s’isole avec Marphise pour le sacrifice, mais il lui apprend à reconnaître l’amour et lui déclare sa flamme. Au retour des sauvages et de leur roi il leur demande de l’unir à la victime. Devant leur refus, il ordonne la Nuit. Face au prodige le roi cède. Apollon alors se dévoile et invite chacun à reconnaître les tendres attraits.

L'édition
Lisa Goode Crawford, éditeur scientifique du volume, s’appuie principalement sur les sources conservées à la Bibliothèque musée de l’Opéra (France). En détaillant les nombreuses variantes de toutes les sources de l’œuvre et leurs niveau de correction, elle analyse les documents des représentations et s’attache particulièrement aux problématiques d’interprétation (instrumentation, chiffrage de la basse continue, ornements). Les parties intermédiaires de l’orchestre, dans leur majorité perdues, ont été restaurées par Gérard Geay.

L'éditeur
Lisa Goode Crawford est professeur émérite de clavecin au Conservatoire de Musique d’Oberlin (USA) où elle a beaucoup contribué au développement du département de musique ancienne, internationalement renommé. Elle a déjà publié les Pièces de clavecin de Royer dans la collection Le Pupitre (Heugel) et les a également enregistrées pour le label Gasparo. En 2002, elle a produit et dirigé le Pouvoir de l’Amour à Oberlin en collaboration avec le Centre de Musique Baroque de Versailles et la New York Baroque Dance Company. Elle poursuit sa carrière de claveciniste –en soliste et en ensemble aux Etats-Unis et en Europe– d’enseignante et participe à des jury internationaux.