Issé
Pastorale héroïque créée le 14 octobre 1708 à l'Académie royale de musique, Paris
Issé est une pastorale héroïque : une fable lyrique dans laquelle des bergers de légende et des nymphes légères entretiennent avec les dieux de l’Olympe un commerce amoureux. Son poète, Antoine Houdar de La Motte, dans un livret d’une rare qualité littéraire, emprunte son sujet au livre VI des Métamorphoses d’Ovide.
Issé est l’un des plus éminents succès du genre pastoral à l’Opéra. Née à la toute fin du Grand Siècle---- à Trianon à l’occasion de noces princières, c’est la première œuvre d’un jeune compositeur de vingt cinq ans, André Cardinal Destouches, qui quittait à peine le corps des Mousquetaires noirs, où il avait participé au siège de Namur, et le deuxième livret d’Antoine Houdar de La Motte, après L’Europe galante de Campra, créée la même année. En 1708, les auteurs remanient l’œuvre pour une reprise à l’opéra, en un prologue et cinq actes. C’est sous cette forme que l’œuvre devient l’un des plus francs succès du répertoire lyrique du XVIIIe siècle.
Cette édition s’appuie sur la partition publiée chez Jean-Baptiste-Christophe Ballard en 1724, version la plus proche du remaniement de 1708. Ce dernier ne se contente pas de répartir sur cinq actes l’action des trois actes de 1697 : la réécriture perfectionne réellement l’œuvre. Elle en sublime des pans entiers et l’augmente de pages remarquables. Houdar de La Motte réécrit quelques répliques tandis que Destouches remanie largement la rythmique et l’habillage instrumental des grands airs (comme celui d’Issé, « Heureuse paix, tranquille indifférence », I, 3) sans toucher au contour mélodique vocal, de sorte que la matière dramatique reste reconnaissable. La réécriture préserve l’idée d’une seule et même œuvre malgré le passage à cinq actes. Issé réussit dès lors à concilier toutes les qualités qu’apprécie dans le spectacle pastoral le spectateur du XVIIIe siècle : à travers sa double intrigue amoureuse mêlant dieux et bergers, elle allie en un même idéal esthétique le noble et le pittoresque, la grandeur et l’innocence.
On peut noter comment Destouches, dès 1697 et avec plus de maturité en 1708, contribue à renouveler le coloris orchestral de l’opéra français par l’usage fréquent d’un effectif allégé. Il affectionne particulièrement les trios de dessus (la configuration pour flûtes ou violons et voix de femme sans basse continue est la plus marquante) et se démarque ainsi des fréquents effectifs « à grand chœur », à cinq parties, plus massifs, chers à Collasse ou Desmarest.
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