Polydore
Tragédie en musique en un prologue et cinq actes, créée le 15 février 1720 à l'académie royale de musique, Paris
Le Centre de musique baroque de Versailles publie cet opéra réalisé pour la recréation de l’œuvre en 2022 à Budapest. Stuck est un musicien d’origine italienne qui, grâce notamment à la protection du Régent, Philippe II d’Orléans, s’installe en France et participe à la réunion des goûts français et italien.
Dernier opéra de Stuck, créé sous la Régence en 1720 et repris en 1739, l’œuvre n’a pas été réentendue depuis lors. Elle recèle pourtant d’innombrables singularités et témoigne de l’art raffiné de Stuck, qui sait conjuguer les manières françaises et italiennes avec talent et se montre précurseur de Rameau pour la finesse de son orchestration.
La légende grecque de Polydore retrace l’effroyable quiproquo qui amena un père à tuer, sans le savoir, son propre fils. Au lever de rideau, Ilione se désole auprès de Timanthe car son frère, le Troyen Polydore, doit être livré aux Grecs par le roi Thrace Polymnestor, son époux. Le roi, au contraire, et bien qu’il se ----parjure, s’en félicite et fête l’alliance conclue entre les Thraces et les Grecs. Mais le vieux Timanthe a révélé à Ilione qu’il avait échangé à leur naissance Polydore et Déiphile, le fils de Polymnestor, pour protéger Polydore. C’est donc Déiphile qui a en fait été livré aux Grecs. Polymnestor conclut le pacte avec les Grecs en mariant Déidamie, fille d’Achille, à Polydore, qu’il croit être son fils. La fête est interrompue par un tremblement de terre ; un oracle révèle aux Grecs qu’ils ont été trompés. Polydore prend les armes à la tête des Thraces. C’est alors qu’Ilione lui révèle sa véritable origine : il est fils de Priam et l’ennemi mortel d’Achille. Il vainc les Grecs et peut épouser Déidamie, tandis que Polymnestor, hanté par son crime, se donne la mort.
La carrière de Jean-Baptiste Stuck, malgré un certain manque d’informations, est assez originale. Il fait partie de ces musiciens italiens – il est né à Livourne en 1680 – parvenus à s’imposer en France, dont certains, au début du XVIIIe siècle, défendent la réunion des styles des deux pays. Stuck la met en œuvre dans l’opéra et surtout dans la cantate, un genre qu’il a cultivé avec bonheur. Il est un protégé du Régent, Philippe d’Orléans, à son arrivée en France et profite de son mécénat pour donner ses principales compositions : en ce sens, il est un musicien de la Régence. Stuck s’éteint à Paris le 8 décembre 1755 à l’âge de soixante-quinze ans.