Pyrame et Thisbé
cantate à voix seule et symphonie
Le Centre de musique baroque de Versailles poursuit son exploration des cantates « avec symphonie » (instruments obligés). Pyrame et Thisbé est surtout l’une des plus belles cantates de Clérambault, toujours à l’aise dans le sérieux et le tragique, comme dans Orphée ou Médée, déjà publiées.
Le poème de Marie de Louvencourt met en scène les personnages mythologiques au moment où ils doivent être séparés et qu'ils décident de fuir ensemble de nuit. En rejoignant Pyrame, Thisbé, effrayée par un rugissement, laisse tomber son voile. Lorsque Pyrame le retrouve, il pense Thisbé morte et se tue. Thisbé, arrivée trop tard, se donne également la mort.
La symphonie introductive a le ton d’une ouverture, et annonce ----le caractère tragique de la cantate. Le cœur du drame est traité en style récitatif avec une basse continue extrêmement agitée, qui contraste fortement avec la « plainte » de Pyrame. Il s’agit d’un récitatif accompagné par deux flûtes traversières (« allemandes ») et des violons obligés où les ports de voix et les chutes, ainsi que l’abondance des chromatismes et des septièmes diminuées mettent le comble à l’expressivité.
Contrairement à d’autres cantates de Clérambault, aucune trace ne subsiste d’une exécution orchestrale de Pyrame et Thisbé au XVIIIe siècle, alors même que son instrumentation semble s’y prêter. Si l’on peut supposer une exécution par l’un des grands orchestres parisiens de l’époque, en toute rigueur, 2 flûtes et un violon suffisent à l’exécution de cette cantate ; toutes les solutions intermédiaires sont sans doute envisageables.
Nicolas Clérambault est sans doute le plus méconnus des grands compositeurs français du XVIIIe siècle. Il fut pourtant l’un des plus universels, et aborda tous les genres. Fils d’un musicien des Vingt-Quatre Violons du Roi, élève de Raison et de Moreau, il succède à Nivers comme organiste de Saint-Sulpice et de la maison royale de Saint-Cyr. Ses cantates, publiées de 1710 à 1743, furent largement connues. Son œuvre comprend également un livre de clavecin et un autre d’orgue, des motets, des divertissements mais une grande partie, restée manuscrite, commence à être redécouverte et révèle l’importance de ce compositeur apollinien, artisan de la réunion des goûts français et italiens, musicien des Lumières.