Dans les années 1760-1770 un vent nouveau souffle sur l’Europe musicale : Paris, capitale artistique incontestée voit naître ses premiers grands orchestres dont la virtuosité nécessite de nouvelles partitions : la symphonie classique est en train de révolutionner la musique instrumentale. Henri-Joseph Rigel, compositeur talentueux et l’une des figures de proue de ce mouvement européen, y publie 14 symphonies. Hervé Audéon les édite dans un volume critique des Editions du Centre de Musique Baroque de Versailles.----

Né à Wertheim sur le Main en 1741, Henri-Joseph Rigel reçoit son éducation musicale de son père, de Niccolo Jommeli et de Franz-Xaver Richter. Envoyé à Paris en 1767 pour l’éducation musicale d’une jeune personne, le compositeur s’y fixe définitivement. Programmé au Concert Spirituel et au Concert des Amateurs, ses oratorios, symphonies, pièces de clavecin, concertos et toute sa musique de chambre sont largement diffusés – ainsi, un thèmes de ses symphonies se retrouve dans l’Andantino de la Fantasia pour piano en ut mineur, K 475, de Mozart. Également éditeur et pédagogue, il est estimé, sollicité et recommandé par les plus grands. Il meurt en 1799.

Dans le domaine de la symphonie, Rigel est aux cotés de Gossec l’un des plus talentueux représentants du style français. Sa musique est unanimement reconnue pour sa sobriété pleinement expressive, sa concision formelle, l’équilibre entre effets harmoniques et pureté d’une ligne mélodique épanouie au phrasé finement travaillé. Cette musique mérite largement l’attention des orchestres habitués aux répertoires de Haydn et de Mozart.

Dans sa préface, Hervé Audéon décrit le contexte de la symphonie naissante en France à la lumière de nombreuses références. Il fait également une fine analyse des délicats problèmes soulevés par les éditions et manuscrits de la fin du XVIIIe siècle, utile notamment à la préparation d’une exécution. S’appuyant sur près d’une quinzaine de sources conservées en France, en Allemagne, en Suisse et en Belgique, il réhabilite avec rigueur et passion ces œuvres magnifiques, faisant oublier les arrangements très libres publiés dans les années 1930.

La présente édition critique réunit les 14 symphonies pour orchestre publiées à Paris du vivant du compositeur, une préface en français et en anglais illustrée de 7 fac-similés et un appareil critique. Pour chacune des symphonies les parties séparées nécessaires à l’exécution sont disponibles à la location.

Chercheur au CNRS, après des études de musique et de musicologie (thèse de doctorat sur Le Concerto pour piano à Paris entre 1795 et 1815), Hervé Audéon a travaillé au CMBV (1994-2006), puis à l’IRPMF. Ses travaux concernent principalement la musique instrumentale en France aux XVIIIe et XIXe siècles (le piano et l’orchestre, l’étude de leur répertoire et des pratiques musicales qui s’y rattachent). Il prépare actuellement l’édition critique des concertos pour piano de H. Jadin et de L.-J.-F. Herold, ainsi que celle de manuscrits inédits d’A. Reicha.