Les Motets
Les éditions critiques du Centre de musique baroque de Versailles donnent à découvrir dans ce nouveau volume l’intégralité des Motets de J.-B. de Bousset. Cette sixième publication de la collection « Anthologies : Motets » poursuit ainsi la mise en valeur de ce genre musical, tant prisé en France aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Né en 1662, Jean-Baptiste (Drouard) de Bousset étudie la composition avec Jean Fargeonnel, maître de musique de la Sainte-Chapelle de Dijon. En 1702, il devient officiellement maître de musique de l’Académie française, puis de l’Académie des Sciences et de l’Académie des Inscriptions et Médailles, fonctions qui l’attachent au service du roi jusqu’à sa mort, en 1725. Chanteur et professeur de chant exceptionnel, il est reconnu comme le plus grand compositeur français d’airs de son époque et compte parmi les pionniers de la cantate française. Il se distingue également auprès de ses contemporains dans le domaine de la musique sacrée.
Les deux magnifiques oeuvres présentes dans ce volume représentent toute la musique religieuse de Bousset qui nous soit parvenue. Le grand motet Deus noster refugium, pour solistes, choeur à 5 voix, orchestre et basse continue, composé à l’intention des académies royales, constitue l’un des sommets de la carrière du compositeur. Cette oeuvre témoigne d’une harmonie recherchée, d’un contrepoint parfaitement maîtrisé, et d’une grande virtuosité des voix solistes. Le petit motet Quæ est ista, quant à lui, était destiné à un groupe restreint de la Musique de la Chapelle, resté à Versailles ou à Fontainebleau pour chanter à la messe du roi le jour de son départ, le reste des musiciens étant parti la veille pour préparer son arrivée. Pour voix seule (dessus), deux violons et basse continue, il révèle un style imitatif abouti au fort accent italien. Ces deux oeuvres placent indéniablement Bousset dans la lignée des compositeurs qui ont parfaitement assimilé le langage musical versaillais comme Desmarest, Lalande ou plus tard, Campra.
Ces partitions sont précédées d’une introduction bilingue (français-anglais) qui contient notamment d’importantes informations biographiques qui font suite aux recherches récentes de l’éditeur scientifique de ce volume, Greer Garden ; des éléments de contextualisation des oeuvres et des sources, ainsi qu’un rapprochement intéressant du premier motet avec d’autres mises en musiques contemporaines du même psaume. Le lecteur trouvera également la traduction des textes, deux facsimilés ainsi que des notes critiques. Chaque motet est disponible en fascicule séparé pour l’interprétation. Enfin, sont proposés en annexe, les deux seuls airs spirituels conservés de Bousset, pour voix seule (dessus) et basse continue.
Greer Garden est professeur et directrice adjointe à la New Zealand School of Music. Elle est notamment l’auteur de la notice sur Bousset dans le New Grove Dictionary et d'une étude sur ses cantates (Liber Amicorum John Steele : A Musicological Tribute, éd. W. Drake, Pendragon Press, 1997). Au CMBV, elle a publié un article consacré à son activité de maître de musique des académies royales (cahier Philidor 8, CMBV, 2010) et achève actuellement le catalogue du compositeur pour le portail de ressources numériques PHILIDOR.
Du plus mortel ennuy mon cœur est consumé, Hélas ! en guerre avec moy -même