Cantica sacra (1652)
Né en 1610 près de Liège (Belgique), Henry Du Mont est marqué par sa formation à Maastricht où le strict contrepoint flamand se teinte d’une influence italienne. Il arrive à Paris vers les années 1640. Il tient l’orgue de l’église Saint-Paul dans le quartier du Marais avant d’entrer en 1652 à la Cour comme claveciniste du duc d’Anjou, frère de Louis XIV. En 1660, il devient maître de la Musique de la jeune reine Marie-Thérèse avant d’obtenir en 1663 l’un des postes de sous-maître de la Chapelle royale. Il prend sa retraite en 1683, au moment où le roi et la Cour s’installent définitivement à Versailles. Il décède l’année suivante à l’age de 73 ans.
Le recueil des Cantica sacra, publié au milieu du xviie siècle, tient une place particulière en France par ses innovations : il propose d’une part la première partie séparée de basse continue chiffrée, d’autre part des motets avec instruments concertants, ouvrant la voie à un genre florissant connu sous l’appellation de petits motets. L’influence italienne se ressent également dans une écriture teintée de figuralismes avec intervalles chromatiques et jeux rythmiques. Le compositeur s’inspire aussi de thèmes populaires français aux conduites rythmiques et harmoniques relativement simples. S’adressant en particulier aux religieuses, Du Mont leur destine de nombreuses pièces ou en propose une adaptation simple et efficace par un habile système de transposition. Mais le recueil offre également de nombreuses configurations vocales pour contenter un large public.
C’est ce qui en constitue aujourd’hui la richesse : 35 œuvres vocales pour 2, 3 ou 4 voix égales (hommes ou femmes) ou mixtes, avec ou sans instruments – auxquelles s’ajoutent 5 pièces instrumentales pour 3 ou 4 violes ou orgue seul – très variées, contrastées et d’une grande sensibilité. Les ensemble vocaux y trouveront aisément une œuvre adaptée à leurs besoins. Parmi les plus utilisées notons l’Ave gemma virginum, le Cantate Domino, le Converte occulos tuos, l’O salutaris hostia ou également les fameux motets à deux voix de femmes Magnificat et Ab initio.
Dans l’introduction bilingue (français/anglais), Jean Lionnet (1935-1998) présente les sources musicales et discute les principales questions d’interprétation qui en découlent : effectifs, prosodie, instrumentation, mesures, ligatures, influences, etc. Tous les textes latins sont traduits en français et en anglais ; 17 fac-similés illustrent le propos avant de laisser place aux 40 œuvres de ce volume (35 motets, 5 pièces instrumentales), le tout assorti d’un appareil critique.
Préparée par Jean-Yves Hameline et Thomas Leconte, cette réédition développe des points importants : nouvelles propositions pour les alternances en plain chant (transcrites pour l’interprétation), réorientation des références des textes latins avec discussion du contexte liturgique éventuel, etc.
Jean Lionnet (1935-1998) était spécialiste de la musique à Rome et de la circulation de la musique en France aux xviie et xviiie siècle. Il a fondé, avec Jean Duron, l’Atelier d’étude sur la musique française du Centre de Musique Baroque de Versailles qui a publié sur Internet la base de données « Musiciens à Rome » constituée à partir de ses archives.
Plain-chant pour l'hymne de saints Pierre et Paul par Guillaume Gabriel NIVERS extrait de son Antiphonarium Monasticum
Plain-chant du Magnificat du 2e ton de Guillaume Gabriel Nivers
Plain-chant pour l'hymne de Saint Benoit par Guillaume Gabriel Nivers extrait de son Antiphonarium Monasticum