Né en 1660, André Campra étudia la musique avec Guillaume Poitevin, maître de chapelle à la maîtrise Saint-Sauveur de la cathédrale d’Aix en Provence qui forma plusieurs musiciens de grand renom (dont Jean Gilles). À sa sortie, ayant obtenu sa prêtrise, Campra, dont la vie semble mouvementée, obtient plusieurs nominations dans le sud de la France. En 1694 il rejoint Paris et obtient la maîtrise de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Il en démissionne en 1700 pour se consacrer librement à une carrière lyrique toute aussi exceptionnelle qui le conduira à la direction de l’Académie royale de musique en 1730. Philippe d’Orléans lui confie en 1723 l’un des quartiers de la Chapelle royale en remplacement de Lalande. Campra y compose ou remanie la plupart des grands motets qui nous sont parvenus. Il meurt en 1744.

Cette œuvre appartient au magnifique fonds musical de la cathédrale du Puy-en-Velay découvert en 1994. Ce fonds, constitué de plus de 700 œuvres, recèle deux grands motets attribués à André Campra : un Grand Dixit Dominus également connu dans le fonds aixois de la maîtrise Saint-Sauveur et ce Dixit Dominus qui était jusqu’alors inconnu. Les effectifs utilisés (en particulier le chœur Dominus a dextris) et certains procédés d’écritures peu usités par Campra font subsister un doute sur l’attribution du manuscrit. Les travaux menés par l’équipe de recherche clermontoise du CHEC nous en apprendrons sûrement plus sur l’origine de ce fonds, son utilisation et la façon dont il a été constitué.

Ce grand motet Dixit Dominus, tiré du psaume 109, fait intervenir 6 solistes (2 dessus, hautes-contre, haute-taille, basse-taille et basse), un chœur à 5 voix (dessus, hautes-contre, hautes-tailles, basses-tailles et basses) et un orchestre à 3 parties (dessus 1& 2, hautes-contre, basses) avec bois et basse continue. Il est entièrement différent du Grand Dixit Dominus déjà publié aux éditions du Centre de Musique Baroque de Versailles à partir du fonds d’Aix. Légèrement plus long (620 mesures), le découpage musical des versets et les effectifs instrumentaux et vocaux sont entièrement différents.

Cette édition est proposée dans la série « Patrimoine musical en Midi-Pyrénées » par Françoise Talvard. Clarinettiste, professeur de musique en conservatoire, chercheur et éditeur associé du Centre de Musique Baroque de Versailles (CMBV), ses travaux portent sur les musiciens actifs en Midi-Pyrénées au 18e siècle. Elle a notamment publié deux articles dans Les Bas chœurs d'Auvergne et du Velay : le métier de musicien d'Eglise aux XVIIe et XVIIIe siècles de Bernard Dompnier (dir.) (éd. Presses universitaires Blaise Pascal, 2010), elle collabore par ailleurs aux travaux du CHEC sous la direction de Philippe Bourdin.