Ce 6e volume de la série des Histoires sacrées du compositeur (11e volume de la première collection monumentale en édition moderne dévolue à l’oeuvre du compositeur Marc-Antoine Charpentier) présente toutes celles écrites lorsque l’artiste était au service de Mlle de Guise : Cædes sanctorum innocentium [H.411],Nuptiæ sacræ [H.412], Cæcilia virgo et martyr [H.413, 415-415a] et In nativitatem Domini Nostri Jesu Christi Canticum [H. 414].L’originalité de ces oratorios tient à leur destination : œuvres sacrées de salon, elles sont toutes écrites originellement avec des voix de femmes (et non d’enfant). Par ailleurs la répartition des 6 voix en deux groupes égaux de femmes et d’hommes offre à Charpentier une richesse de disposition dont il use avec talent. Leur interprétation est envisageable par un petit ensemble vocal de 7, 8 ou 12 chanteurs selon les histoires, auquel viendront se joindre deux dessus instrumentaux (des dessus de violes qui peuvent également se jouer au violon) et un continuo avec clavecin ou orgue ou les deux.C. Jane Gosine donne en introduction tous les éléments permettant de dater les oeuvres, tant les sources musicales, s’appuyant sur les recherches les plus récentes en la matière, que les éléments historiques de la musique des Guise qui lui permettent de détailler la répartition des chanteurs et dont les interprètes pourront s’inspirer. Elle aborde également le dispositif instrumental voulu par le compositeur dont la notation partielle a nécessité une restitution afin de rendre aux œuvres tout leur éclat.Xavier Bisaro complète cette étude en faisant ressortir le caractère sacré des livrets dans le contexte dévot du 17e siècle permettant d’en souligner la finesse, la pertinence et les idées novatrices dont ils se nourrissent. Le massacre des innocents, les noces sacrées tirées du Cantique des cantiques, sainte Cécile vierge et martyre, le Cantique sur la Naissance de notre Seigneur Jésus Christ, pour noël, sont ainsi mis en rapport avec le calendrier liturgique et les débats théologiques. Le volume se poursuit, après cette introduction en français et en anglais, par les livrets (donnés en latin, en français et en anglais) accompagnés d’un argument d’époque (français). Après des exemples du manuscrit en fac-similé viennent les 4 histoires sacrées en partition moderne assorties d’un appareil critiques. En annexe, la seconde version du Cæcilia [H.415] et son prologue [H.415a] sont également proposés en partition. Les 5 œuvres sont par ailleurs disponibles séparément pour l’interprétation avec parties séparées.C. Jane Gosine est Associate Professor du département musicologie à la Memorial University of Newfoundland (St John’s, NL,Canada). Elle a bénéficié d’une bourse de SSHRC/CRSH (Social Sciences and Humanties Research Council/Conseil de recherches en sciences humaines du Canada).Xavier Bisaro est maître de conférences au département de musicologie de l’Université Paul Valéry (Montpellier III) et membre de l’IRCL (Institut de recherche sur la Renaissance, l’Âge Classique et les Lumières).