La Musique religieuse
Jean-Philippe Rameau est probablement, avec Lully, le compositeur baroque français le plus populaire. Ses ouvrages lyriques repris régulièrement à travers le monde sont pratiquement tous des succès et ses qualités musicales et théoriques ne sont plus à défendre. Le Centre de Musique Baroque de Versailles ne pouvait contourner ce pilier de l'art français. L'œuvre religieuse de Jean-Philippe Rameau est, curieusement, très restreinte. En effet, fils d'un organiste dijonnais, il a très tôt suivi, comme ses contemporains, l'apprentissage sévère des canons du contrepoint ecclésiastique, et pratiqué la musique sacrée quotidiennement. Ses premiers postes officiels l'amènent à sonner les orgues de Dijon, Lyon et Clermont-Ferrand. En dépit de cela, seules quatre œuvres religieuses nous sont parvenues, destinées non pas à l'orgue mais à la voix. Et parmi celles-ci, une seule en manuscrit autographe.
Ces motets présentent tous des traits particuliers de l'écriture de Jean-Philippe Rameau : depuis l'étonnante austérité du motet à 5 parties vocales et basse continue, Laboravi clamans inséré dans son fameux traité d'harmonie, à l'extrême finesse de l'In convertendo maintes fois remanié pour le Concert Spirituel et dont Jean Duron, directeur scientifique du Centre de Musique Baroque de Versailles et éditeur du présent ouvrage, nous fait découvrir les étapes de composition. Les deux autres motets ne nous sont connus que par des copies tardives qui reflètent une pratique différente de la musique. Ici encore, Jean Duron propose une restauration des œuvres plus conforme à l'époque de leur création, laissant toutefois aux interprètes la liberté de choisir l'une ou l'autre version.
Ces pièces n'étaient disponibles que dans la version qu'en fit Camille Saint-Saëns aux éditions Durand. Grâce à cette nouvelle édition ces magnifiques œuvres pourront retrouver le chemin des concerts. Outre les qualités exceptionnelles de ces pièces pour solistes, chœurs et orchestre, les airs solistes pour voix de femmes et d'hommes figurent parmi les plus beaux de la musique religieuse française. On notera en particulier le premier numéro du Quam dilecta tabernacula, du même motet les numéros 3, "Et enim passer", et 6, "Domine Deus virtutum", et dans l'In convertendo le numéro 3, "Converte Domine captivitatem nostram" qui font partie du fonds de répertoire indispensable des chanteurs.
Le volume contient une introduction bilingue (français/anglais) illustrée de plusieurs exemples en fac-similé, les quatre motets de Rameau, des notes critiques et des annexes. L'introduction de Jean Duron revient sur le catalogue des œuvres religieuses de Jean-Philippe Rameau, la description des sources utilisées pour l'édition et les principes qui ont permis la restauration des œuvres.
6 variantes du motet In Convertendo Dominus