Vêpres à deux choeurs
Les Vêpres à deux chœurs de Pierre Menault conservent le secret de leur origine. Il s'agit d'un cas rarissime en France de pièce pour un effectif aussi important en dehors de la cour de Louis XIV. C'est également le seul vestige d'un office complet de vêpres à grand chœur et symphonie. Quelle est la raison qui poussa ce compositeur dijonnais à publier un volume à l'égal des musiciens de Louis XIV : Henry Du Mont, Pierre Robert et Jean-Baptiste Lully ? Était-ce une commande du souverain, des Jésuites, du confesseur du roi, le père La Chaize, ou une habile façon, fort coûteuse de postuler au poste vacant de maître de chapelle à Versailles ? Laissant cette question sans réponse, ces imposantes Vêpres solennelles permettent toutefois d'entrevoir un maître de chapelle talentueux et ambitieux qui ne se contente pas de répondre aux seules obligations de sa fonction mais recherche également une reconnaissance au-delà du cadre de sa province. La qualité musicale de l'œuvre le place comme digne successeurs de ceux qu'il affronte par cette publication : un contrepoint qui joue de l'ambiguïté entre écriture modale et tonale et se sert de la modulation pour contraste, tout en conservant une singularité propre à lui, un contrepoint indépendant, une structure conforme à ces aînés usant parfois d'échappées très savantes.
Michel Cuvelier apporte de nombreux éléments de réflexion autour de cette œuvre, la replace dans son contexte historique haut en couleur et l'appréhende de différentes manières. Jean Duron propose la restauration des parties intermédiaires de l'orchestre, les hautes-contre et quintes de violon, appuyant son hypothèse de travail sur les éléments musicaux qui nous restent. Enfin, ce travail est complété d'une analyse des textes liturgiques et du plain-chant par Jean-Yves Hameline qui restitue les faux-bourdons et apporte de précieux éléments quand à la destination liturgique de l'œuvre.
De ces Vêpres à deux chœurs avec symphonies, on pourra extraire les psaumes Dixit Dominus, Beatus vir et Laudate Dominum ainsi qu'un Hymne et un motet à Saint Ignace, un Magnificat, un motet du Saint-Sacrement ainsi que le Domine salvum pour les interpréter séparément.