L'oeuvre profane (Expodcast#2)
Cet imposant volume fait suite à l’édition critique des Airs de cour de Pierre Guédron, publiée en 2009 par Georgie Durosoir ; il s’inscrit dans la collection Monumentales dédiée à Étienne Moulinié, benjamin, après Guédron et Boesset, de la brillante triade qui domina durant la première moitié du 17e siècle ce genre si français de l’air de cour.----
Étienne Moulinié est né le 10 octobre 1599 à Laure-Minervois dans le Languedoc. Il fait ses études, en compagnie de son frère Antoine qui deviendra un chanteur très renommé de la cour de Louis XIII, à la maîtrise de la cathédrale Saint-Just de Narbonne. Monté à Paris dans les années 1620, il y publie ses premiers airs de cour. Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII, le nomme à la tête de sa musique en 1627, poste qu’il occupera jusqu’à la mort de son employeur en 1660. On le retrouve dans son pays natal après cette date, ou il occupera la fonction de Maître de la Musique des États du Langedoc. Il meurt en 1676.
De son premier air connu, paru en 1623 dans la fameuse collection des Airs de cour et de différents auteurs de l’imprimeur Ballard (Étienne Moulinié n’avait alors que 24 ans et n’était à Paris que depuis 2 ans), à son dernier recueil en 1668, ce ne sont pas moins de 195 pièces vocales profanes qui nous sont parvenues : airs de cour, airs à boire, récits, airs de ballets, dialogues, airs « exotiques » en espagnol, en italien et même en gascon, et airs spirituels. Les chanteurs et les luthistes trouveront dans ce recueil une mine incroyablement riche et variée. Ceux qui connaissent déjà le répertoire trouveront les dernières découvertes : airs nouvellement identifiés, versions ornées manuscrites (doubles), sources concordantes ainsi que la restitution d’une partie importante des airs polyphoniques. Outre l’intégralité des pièces identifiées, le volume présente également toutes les poésies dont la musique n’a pu être retrouvée, ainsi que les 3 fantaisies à quatre pour violes, seul témoignage de la musique instrumentale du compositeur. Dans une riche préface bilingue (français-anglais), l’éditeur scientifique présente le compositeur, l’ensemble du corpus profane et son évolution. Chaque pièce, précédée d’une fiche signalétique fournissant les éléments bibliographiques et contextuels essentiels, est proposée dans ses versions les plus significatives – versions polyphonique et/ou chant monodique avec tablature de luth (et sa transcription) –, et est accompagnée le cas échéant des variantes les plus importantes. Toutes les œuvres de ce recueil sont également disponibles dans des fascicules séparés pour l’interprétation.
Auteur d’une thèse de doctorat (Tours,1991) consacrée à la formation du langage tonal en France dans la première moitié du 17e siècle, avec exemplification par l’œuvre d’Étienne Moulinié, Annie Cœurdevey a ensuite intégré l’équipe de recherche du Centre d’Études Supérieures de la Renaissance de Tours (CESR) où notamment elle a élaboré la base de données sur la Chanson française (ca 1480-1600), en ligne sur le site du CESR, et contribue activement à la mise en œuvre de nombreux travaux d’éditions musicologiques.
Poésies sans sources musicales :
Ah faut-il endurer les fureurs d'un jaloux
Amants qui faites les discrets
Astre naissant qui fait notre espérance
Au bruit de vos appas les mortels et les dieux
Au moment que vos yeux
Badinons jouons-nous Sylvie
Charmante Iris qu'il est aisé de voir
Cloris c'est trop me découvrir
Cruels gouverneurs de mon sort
Dans ce bienheureux séjour d'allégresse
Divins objets dont mon âme est ravie
Hélas bouteille misérable
Hélas elle s'en va je ne la verrai plus
Hélas je languis je me meurs
Iris naissante
L'amant géant sur la rive écartée
Ma maîtresse est belle
Ne vous offensez pas Climène
Ne vous plaingnez plus roi des Cieux
Objet qui causez mes désirs
Philis ne vous étonnez pas
Pleurez mes yeux
Reine dont les charmes divers
Sautons dansons foulons l'herbe
Un malheureux amant accablé de douleur
Vous qui voulez servir les belles