Alcyone
cantate à voix seule et symphonie
Cette nouvelle cantate publiée par le Centre de musique baroque de Versailles vient illustrer la pluralité expressive de ce genre. Un «Monsieur Marchand, organiste» compose cette pièce, probablement dans les années 1710-1720. La référence à l’œuvre de Marin Marais, qui contient l’une des premières tempêtes emblématiques de l’opéra baroque français, est évidente. ----
Le livret, anonyme, montre une belle dramaturgie, uniquement portée par l’héroïne Alcyone. Il nécessite une chanteuse virtuose et expressive. Cette dimension théâtrale et cette convergence avec la tragédie en musique illustrent le paradoxe du genre : créée en réaction de la tragédie lullyste et à distance du modèle italien, la cantate française n’a pourtant cessé de se rapprocher, au cours des années 1720 et 1730, de ces deux modèles.
Alcyone est une cantate « avec symphonie », c’est-à-dire avec un instrument obligé. Le violon semble le plus approprié avec ses grands sauts et ses fusées caractéristiques de la tempête. Rien n’empêche qu’on lui substitue parfois la flûte. La partie de basse continue nécessite un clavecin, seul capable d’accompagner l’air Mes pleurs ont coulé vainement à la tessiture très aiguë, et une basse de viole pour les « préludes » et solos.
L’attribution de cette cantate à Louis Marchand est, en l’état actuel des connaissances, la plus probable. Organiste du roi et compositeur réputé de livres d’orgue et de pièces pour le clavecin, Louis Marchand a également publié des airs sérieux et à boire. Titon du Tillet lui attribue un opéra, aujourd’hui perdu, Pyrame et Thisbé. Louis Marchand aurait donc tout à fait pu composer aussi une ou plusieurs cantates, que l’on peut imaginer faire partie des œuvres trouvées par sa fille.