Ballet de la Prospérité des armes de la France
C’est grâce à un minutieux travail de recherche que les éditions du Centre de Musique Baroque de Versailles peuvent publier aujourd’hui en partition le magnifique Ballet de la Prospérité des armes de la France. Cette œuvre fut commandée expressément par le Cardinal de Richelieu pour inaugurer les spectaculaires machines de son palais (aujourd’hui Palais-Royal) qui, pour la première fois en France, permettent des changements de décor à vue. Dernier grand ballet allégorique et politique du règne de Louis XIII, c’est une « comédie muette » inspirée des victoires françaises acquises dans l’année écoulée en cette sombre période dominée par la Guerre de 30 ans. Elle se déroule en 5 actes - séparés par des récits de François de Chancy (publiés dans le 2nd livre d’airs de cour à 4 parties) - et 36 entrées.
Le premier acte, ouvert par une mise en garde de l’Harmonie, nous emmène aux enfers, origine et inspiration de tous les maux. Le récit de l’Italie implorante ouvre l’acte deux qui retrace les sièges de Casal et d’Arras. Trois sirènes introduisent l’acte trois en prédisant la victoire navale des français sur les espagnols aux amériques. L’acte 4, ouvert par neuf muses, est dédié au combat d’Hercule-Louis contre l’aigle et les lions. Le chant de la Concorde donne le ton du 5e et dernier acte, dédié aux plaisirs et réjouissances présidés par la Gloire, avant de s’achever par l’ouverture du bal par le Roi et la Reine.
L’œuvre est conservée incomplète et a nécessité, outre la restitution de l’ordre des pièces, la restauration des parties de haute-contre, tailles et quintes de violon, seules nous étant parvenus les parties dédiées au dessus de violon et aux basses. Ce travail a été mené par Gérard Geay assisté de 3 étudiants du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon avec le concours de l’ensemble la Simphonie du Marais et de son directeur musical Hugo Reyne qui en ont réalisé un disque Musiques au temps de Richelieu.
Aux origines des grandes formes orchestrales et lyriques française, les ballets de cour du règne de Louis XIII représentent la forme la plus aboutie de l’art français mêlant chant, musique et danse, ces deux dernier en constituant l’élément primordial. Redécouvrir ce répertoire appartenant au baroque primitif, bien avant l’apogée du règne de Louis XIV, du fait qu’il soit souvent conservé de façon lacunaire nécessite des recherches complexes et une restitution musicale délicate. C’est ce que propose ici le Centre de Musique Baroque de Versailles par le travail coordonné des chercheurs et des musiciens, invitant les interprètes à se pencher plus avant dans la découverte des origines de la musique baroque.