Depuis le XVI^e siècle, les paroles de ces chants sur timbres sont publiées dans la Grande bible des noëls qui connut de nombreuses réimpressions et rééditions jusqu’au XIX^e siècle. Toute occasion était bonne pour jouer ces chants au temps de la Nativité. À la Chapelle royale, les noëls en symphonie (pour ensemble instrumental) sont utilisés pour accompagner la liturgie, notamment durant la veillée et la nuit de Noël. Cette Suite de noëls, avec le motet à grand chœur O Beata Infantia de Gervais étaient sans doute joués lors des trois messes basses de la nuit de Noël (Messe de minuit, Messe de l’aurore et Messe du jour) pendant le quartier du sous-maître à la
Chapelle royale.

Ces Symphonies de noël font appel à un orchestre de bois et cordes : flûtes et hautbois divisiés, bassons, violons (1 seule partie), hautes-contre et tailles de violon (2 parties d’alto) et basse continue.

Charles-Hubert Gervais (1671-1744) est le fils d’un garçon de la Chambre de Monsieur, frère de Louis XIV. À partir de 1697, il est nommé ordinaire de la musique de la maison d’Orléans, avant de devenir maître et surintendant de la musique du duc Philippe II, futur régent de France. Gervais est l’un des artisans de la réunion des goûts français et italien. Il connaît un succès immense avec Hypermnestre, tragédie en musique créée en 1716, et avec Les Amours de Protée, ballet créé en 1720. En 1723, la carrière de Gervais prend un tournant majeur lorsqu’il est nommé sous-maître de la Chapelle royale. Chargé des offices quotidiens de Louis XV, Gervais va composer durant plus de vingt ans, jusqu’à sa mort, survenue à Paris le 15 janvier 1744, plus d’une quarantaine de motets à grand chœur (ou grands motets).