Le Triomphe d'Iris
Silvandre est le maître d'œuvre de cette soirée. Il en est tout à la fois le metteur en scène et le chef d'orchestre. Nous assistons aux préparatifs.
Amour a pris la figure aimable d'une dame (Vénus) omniprésente, muse de tous les cœurs. Elle inspire Silvandre, elle a elle-même inspiré Clérambault, elle nous vient du XVIIIe siècle et ne se rend visible que lorsqu'elle le désire. Et lorsqu'elle le décide, c'est en empruntant d'autres masques tout aussi aimables, comme cette italienne qui va bientôt faire son apparition, se laissera inviter par Silvandre et pourra participer ainsi à la soirée sans rien dévoiler encore de son projet. Celui-ci - nous le découvrirons bientôt - consistera en effet à donner à une aimable mortelle le pouvoir que seul jusqu'ici l'Amour détenait. Iris, l'heureuse élue cumule tous les charmes, incarne toutes les femmes, et ce sont donc toutes les femmes qui bénéficieront de son triomphe. L'Amour se retourvera désormais en chacune d'elles...
Pour l'instant, Silvandre reçoit ses convives ‘bergers et bergères’. Il est question de célébrer l'Amour en son temple et de donner à voir et à entendre différentes histoires d'amours naissantes, tout ceci en belle compagnie.
Sera choisi par Silvandre, pour une première de ces histoires, le couple Silvie et Daphnis : « qu'il est difficile pour un amant d'être entendu par celle qu'il aime et pour une amante de passer à l'aveu... ».
Tircis et Philis donneront corps au couple de la seconde entrée : le mélancolique sera récompensé de sa constance par son amante. La compagnie s'en réjouira
Silvie et Daphnis se retrouveront enfin lors de la troisième entrée, mais sans plus aucun témoin. Livrés à leurs sentiments propres, ils se reconnaîtront animés tous deux par le même amour. Celui-ci ne les avait pas abandonnés, loin de là. Il se dévoilera au grand jour (sous la figure retrouvée de Vénus) et donnera à chacune des ‘bergères’ présentes, un morceau de lui-même - arc ou carquois - ou pourquoi pas masque tout simplement. Chacune d'entre elles s'avérant être une Iris triomphante.
(Christophe Galland - 1998)