André-Joseph Exaudet, né à Rouen en 1710, fut un violoniste réputé. La première mention à son propos date de 1744 quand il publie ses 6 Sonates pour le violon et basse alors qu’il est premier violon de l’Académie de Musique de Rouen. On le retrouve musicien à l’Opéra - Ordinaire de l’Académie Royale de Musique -, au Concert Spirituel à Paris mais aussi dans les 24 Violons du Roi et participant au Concerts donnés à la Cour. Il est également Symphoniste aux Concerts de la Reine et Maître de violon du Prince de Condé. Il décède vers 1763.

Profitant pleinement des avancées de «  L'école française de violon du XVIIIe siècle » de la génération précédente sous l’influence talentueuse de Jean-Marie Leclair, l’œuvre d’Exaudet, principalement dédiée au violon, témoigne d’un sens aigue du phrasé, d’une certaine virtuosité et d’une grande sensibilité musicale. Il innove tant les techniques que les formes, on lui reconnaît notamment la première utilisation des 9e et 10e harmoniques, des groupes de doubles et de triples et des jeux d’archet complexes. Il a écrit un Menuet si populaire qu’il fut utilisé plus d’une centaine de fois dans des chansons et de nombreux solistes l’ont utilisé pour mettre en valeur leur talent d’improvisateur dans des développements en variation.

Dans le présent concerto, probablement des années 1750/60, le violon soliste utilise tous les registres de l’instrument. S’agissant d’un concerto à cinq, par nature entre le concerto grosso et le concerto pour soliste, le violon tantôt concerte, tantôt conduit l’orchestre. On notera en particulier le très beau largo du deuxième mouvement, pour violon solo uniquement accompagné par les violons de l’orchestre, ainsi qu’une cadence virtuose et plutôt agréable à la fin du premier mouvement. L’orchestre, constitué à l’italienne avec ses deux pupitres de violon, une partie d’alto et une partie de basse ne nécessite pas un effectif très important. Malgré la filiation de forme avec le Concerto à cinq pour violon et orchestre de François Dieupart l’approche, à 40 ans d’intervalle, est très différente. D’une petite dizaine de minutes, en mi bémol majeur, c’est une belle pièce d’orchestre.