Pyrame et Thisbé
cantate à trois voix et un dessus de violon
Les cantates de Montéclair, comme Pyrame et Thisbé que publie ici le Centre de musique baroque de Versailles, restent parmi les plus italianisantes du genre. Plus encore qu’originale, cette sixième et dernière cantate du second livre du compositeur est paradoxale. Le poème, anonyme, long de plus de 150 vers, représente le triple d’une cantate ordinaire. Il repose sur une narration à la troisième personne----, chantée par une basse-taille ou un bas-dessus (« l’historien »), mêlé de passages au discours direct chantés par un dessus (Thisbé) et une haute-contre (Pyrame) qui rapproche l’œuvre d’un genre dramatique, étranger à la forme de la cantate française. Le dispositif est proche du Combattimento di Tancredi e Clorinda (1624) de Monteverdi, mais il est improbable que Montéclair ait connu cette œuvre. Montéclair adapte le duo « Que d’alarmes ! Quel sort pour nos cœurs ! » pour deux flûtes traversières (ou autres instruments de dessus) dans la Plainte en dialogue de son deuxième Concert à deux flûtes traversières sans basses.
Michel Pignolet de Montéclair (1667-1737) apprend la musique dans les maîtrises et fait le voyage d’Italie. De 1699 quasiment jusqu’à sa mort, il est membre de l’orchestre de l’Académie royale de musique, où il introduit la contrebasse. Compositeur, il écrit notamment pour l’Opéra un ballet, Les Fêtes de l’été (1716), et une tragédie sur un sujet biblique, Jephté (1732), sur des livrets de l’abbé Pellegrin, qui connaissent un grand succès. Montéclair compose aussi des motets pour le Concert Spirituel, pour la plupart perdus. Il publie trois livres de cantates à l’âge d’or du genre, ainsi que de la musique instrumentale. C’est enfin un pédagogue recherché, qui laisse plusieurs traités qui sont encore une source précieuse pour l’interprétation de la musique française du XVIIIe siècle.