In convertendo (1726)
Né en 1660, André Campra étudia la musique avec Guillaume Poitevin, maître de chapelle à la maîtrise Saint-Sauveur de la cathédrale d’Aix en Provence qui forma plusieurs musiciens de grand renom (dont Jean Gilles). À sa sortie, ayant obtenu sa prêtrise, Campra, dont la vie semble mouvementée, obtient plusieurs nominations dans le sud de la France. En 1694 il rejoint Paris et obtient la maîtrise de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Il en démissionne en 1700 pour se consacrer librement à une carrière lyrique toute aussi exceptionnelle qui le conduira à la direction de l’Académie royale de musique en 1730. Philippe d’Orléans lui confie en 1723 l’un des quartiers de la Chapelle royale en remplacement de Lalande. Campra y compose ou remanie la plupart des grands motets qui nous sont parvenus. Il meurt en 1744.
L’In Convertendo Dominus est un grand motet conservé en autographe dans la collection de la Bibliothèque nationale de France. Le psaume 125, laudatif, met en scène la reconnaissance du peuple de Dieu pour sa délivrance. Le style versaillais, influencé par Lalande, s’est imposé avec ses découpes par verset contrastées par le caractère, les effectifs et les tempi. La durée est normée, pour l’utilisation liturgique, à une vingtaine de minutes.
L’orchestre, dans cette version qui fut utilisée à la Chapelle royale de Versailles, est composé d’un large ensemble à 4 parties de violons (dessus, hautes-contre, tailles et basses de violons), bois et basse continue. Il s’agit d’un remaniement profond de la version de 1703 utilisant les même thèmes, mais dont le discours a été resserré et l’orchestre redistribué pour s’adapter à l’évolution qui s’est produite en 20 ans. L’œuvre nécessite également 4 chanteurs solistes (Dessus, Haute-contre, Taille et Basse-taille) et un chœur à 5 parties « à la française » (dessus (divisés), hautes-contre, tailles, basses-tailles et basses).