Le Carnaval et la Folie
Le Carnaval et la Folie d’André Cardinal Destouches sur un livret d’Antoine Houdar de la Motte avait été préparée pour la session 2007 de l’Académie musicale d’Ambronay, dirigée cette année là par Hervé Niquet.
Le livret, qui s’inspire de l’Éloge de la Folie d’Érasme, met en scène en un prologue et cinq actes les amours du Carnaval et de la Folie, la ruse de Momus et les plaisirs divins de l’Amour. La veine comique de l’ouvrage s’inscrit dans une fastueuse dramaturgie mêlant sans faiblir airs, préludes, chœurs, chaconne, passepied, gigue, menuet, gavotte, symphonie… La scène italienne de l’ouvrage, mettant en scène un professeur de folie et ses élèves, est particulièrement drôle. L’ouvrage contraste l’ambiance austère de la fin du règne de Louis XIV (l’ouvrage est créé en 1703 à Fontainebleau) ; André Cardinal Destouches et Antoine Houdar de la Motte s’engagent pour le renouveau des conventions théâtrales dans un esprit neuf, enjoué et brillant.
André Cardinal Destouches, né à Paris en 1672, n’aurait commencé à composer qu’à l’âge de 20 ans. Formé chez les Jésuites, à 15 ans il part au Siam avec un professeur durant 1 an ½. À son retour, il entre à l’école de cavalerie du Tournon puis s’engage chez les mousquetaires du roi. Il démissionne de l’armée en 1694 pour se consacrer à la musique. Son seul professeur semble avoir été André Campra. Si sa position et ses connaissances lui facilitent probablement sa carrière, son talent n’en est pas moins reconnu. En 1697 André Campra insère trois airs de Destouches à son ballet l’Europe Galante, mais la carrière du compositeur débute réellement à Fontainebleau devant le succès remporté par son premier opéra Issé, une pastorale héroïque. Protégé de Louis XIV, du régent Philippe d’Orléans puis de Louis XV il accède aux postes les plus en vus : Inspecteur puis Directeur de l’Académie royale de Musique, Surintendant de la musique et Maître de musique de la chambre du roi. Il créé pour la reine Marie Leszczynska un concert spirituel sur le modèle de celui de Paris, dont il assure la direction jusqu’à un âge avancé. Il meurt dans sa maison, actuellement au 4 rue Saint-Roch à Paris, en février 1749.
L’opéra fait intervenir 13 personnages qui peuvent être réduits à 9 chanteurs et dont certains peuvent venir du chœur (à 4 voix à la française). L’orchestre est assez fourni avec flûtes et petites flûtes, hautbois, basson, trompettes et timbales et les cordes à 4 parties (Dessus de violons divisés, hautes-contre, tailles et basses de violon) et la basse continue. L’œuvre dure entre 2h30 et 3h00.