Musique française pour le clavecin 1610-1660
Dans cette nouvelle publication, le Centre de musique baroque de Versailles restitue la diversité du répertoire de clavecin français de la première moitié du XVIIe siècle. Outre des pièces composées spécifiquement pour le clavier, cette anthologie explore le goût des musiciens pour l’arrangement et les relations étroites qu’ont entretenus le clavecin et le luth.
Entre les sept livres de pièces pour « orgues, épinettes et manicordions » publiés par Pierre Attaignant en 1530 et les deux livres pour clavecin de Jacques Champion de Chambonnières en 1670, la seule pièce publiée en France est la chanson Tu crois ô beau soleil de Louis XIII, arrangée pour le clavier par Pierre Chabanceau de La Barre. Pour reconstituer le répertoire des joueurs de clavecin et d’épinette du premier 17e siècle, il est donc nécessaire de solliciter d’autres sources, généralement manuscrites, souvent plus tardives ou étrangères.
Cette anthologie souhaite donner un aperçu de la diversité des pratiques du clavecin, en-dehors de l’œuvre de Louis Couperin et de Chambonnières. Les rares sources manuscrites du règne de Louis XIII témoignent de la propension des musiciens français à mettre au clavier les airs en vogue. Dans cet esprit, un bon nombre des 44 pièces de ce volume sont des arrangements d’airs de cour (Boesset, Chancy, Guédron), de pièces de luth (Mézangeau, Pinel, Gaultier, Ballard) ou de danses de ballet. S’y ajoutent quelques pièces attribuées à des compositeurs français moins connus aujourd’hui (La Barre, Monnard). L’ensemble se conclut par une suite de Johann Jacob Froberger, compositeur allemand de passage à Paris au milieu du siècle, et dont les pièces témoignent de l’actualité politique de la Fronde.
Le répertoire retenu est fondé sur des musiques françaises du premier XVIIe siècle, mais dont la mise sur le clavecin va jusqu’à la fin du siècle. Il mêle quelques pièces déjà connues, et d’autres jusqu’alors inédites. Enfin, l’insertion d’un bon nombre d’arrangements vise à remettre au goût du jour une pratique habituelle des musiciens du XVIIe siècle. Leur degré d’élaboration diffère, de la transcription fidèle aux écritures virtuoses de Jean Henry d’Anglebert.
Les pièces de ce recueil peuvent être jouées sur des clavecins, des épinettes voire des clavicordes, mais certaines pièces seront plus adéquates à l’un ou l’autre instrument.
Marie Demeilliez est maîtresse de conférences à l’Université Grenoble Alpes et membre junior de l’Institut Universitaire de France. Spécialiste de musique française des 17e et 18e siècles, elle développe une recherche consacrée aux claviers anciens (répertoires, pratiques, interprètes, enseignement). Claveciniste de formation, elle collabore régulièrement avec des musiciens et facteurs.