Musique instrumentale
Sébastien de Brossard a essentiellement composé pour la voix. Les 5 volumes précédemment parus dans l'édition monumentale que le Centre de Musique Baroque de Versailles lui consacre le prouvent assez : grands et petits motets, cantates, oratorios, œuvres chorales… Pourtant sa musique instrumentale met en lumière l'énigme de la formation musicale du compositeur. Cet immense théoricien, partisan du modernisme tonal, l'un des rares musicien du XVIIe à collectionner aussi avidement ses contemporains, tant français qu'allemands et italiens, s'est formé de son propre aveu en autodidacte. L'on ne sait encore rien de ce cursus pour le moins atypique en ces temps de guildes, de corporations et d'apprentissage auprès des maîtres du contrepoint. Il semble pourtant que ce soit le luth qui l'ai conduit sur la voie musicale ; on trouve sa manière si particulière de compiler, recopier, analyser ses contemporains pour former son propre bagage dès les années 1670 à propos d'un recueil pour cette famille d'instrument.
Cette édition critique regroupe toutes les pièces instrumentales connues du compositeur : pièces pour luth et surtout sonates à 1 ou 2 violons avec accompagnement de basse continue et musique pour orchestre. Sébastien de Brossard, toujours sur la brèche et à l'affût de toutes les nouveautés, s'empare du genre naissant de la sonate dès son début. Il possède l'opus 3 de Corelli, l'opus 5 de Bassani, fait copier les Sinfonie de Bononcini, et parmi ses compatriotes : Couperin, Rebel, Clérambault, Jacquet de la Guerre, dont il admire et la musique et l'interprétation par l'auteur… Le legs de son œuvre s'avère, comme d'habitude, à la hauteur de ses modèles.
Catherine Cessac, directeur de recherche au CNRS, spécialiste de Marc-Antoine Charpentier, propose ici, pour la première fois, la restauration de ces pièces, les manuscrits de Brossard étant très souvent surchargés. Elle s'appuie pour ce faire sur les différentes sources des œuvres et les travaux de recherche effectués au Centre de Musique Baroque de Versailles, où elle travaille. Elle expose dans la préface du volume le contexte historique et biographique, décrit l'état des sources, revient sur les problèmes que posent les manuscrits, le tout illustré de nombreux exemples en fac-similé. Les transcriptions sont par ailleurs disponibles séparément en set de matériel d'orchestre pour les interprètes.