Benjamin, Joseph
cantates avec symphonie
Les éditions du Centre de musique baroque de Versailles poursuivent l’exploration du répertoire des cantates françaises avec ces deux pièces sacrées inédites d’André Campra, Benjamin et Joseph, commandées au compositeur en 1714.
Les deux cantates sacrées de ce volume devaient servir d’entracte à une tragédie en latin inspirée d’un passage de la Genèse, Benjamin captif, représentée en public au collège jésuite Louis-le-Grand. Les livrets, sans narrateur et sans doute écrits par un père jésuite, sont intégralement confiés aux personnages éponymes dont on suit les pensées et les émois.
Outre leur caractère sacré, la forme musicale de ces pièces est, elle aussi, originale avec de fréquents retours mélodiques, d’importantes sections instrumentales et un long air central
dont la forme est particulièrement soignée.
Écrites pour une voix de dessus, les partitions manuscrites mentionnent des dessus de flûtes et de violons, au pluriel, laissant toute latitude aux musiciens quant à leur nombre. Les interprètes pourront envisager l’instrumentation attestée dans les cantates françaises avec symphonie des années 1710 en privilégiant une basse continue à deux instruments (généralement clavecin et viole), renforcée par une ou plusieurs basses de violon dans les pages instrumentales. Un tel dispositif s’accommode d’une alternance petit choeur-grand choeur pour les instruments de dessus : flûtes et violons en tutti pour les passages instrumentaux, solistes quand ils accompagnent la voix.
Malgré le contexte prestigieux de la création, les interprètes de la création n’ont pu être identifiés : les jésuites pouvaient faire appel aux meilleurs musiciens et danseurs de leur temps. Il n’est toutefois pas exclu que les enfants qui déclamaient la tragédie aient exécuté ces rôles, le compositeur aurait alors utilisé un nombre de motifs restreint souvent répétés peut-être pour en faciliter l’apprentissage.