Pentézilée
3e acte d'une tragédie lyrique donné à l'Académie des beaux-arts de Lyon (1722-1723)
Pentézilée nous plonge dans l’histoire des toutes premières institutions de concert en France, ces Académies de musique qui se créent dans les villes du royaume à partir des années 1710. On y donne souvent un grand motet, une petite pièce instrumentale ou vocale et un large extrait d’une œuvre lyrique, comme ici l’acte III d’une tragédie lyrique.
Ce Pentézilée met en scène un épisode de la guerre de Troie. Dans le palais des Amazones détruit par les Grecs, Penthésilée, éprise de son rival Achille, prend pourtant sur elle de se venger de lui.
Cet acte central de l’opéra cristallise une tension et une intensité précédant l’action funeste, celle de ----la bataille qui conduira au dénouement conclusif. Il offre en six scènes un condensé des archétypes de la tragédie mise en musique : ouverture, pièces instrumentales figuratives, monologues, air tendre, scènes de bravoure, chœurs servant efficacement l’intensité dramatique, duos et récitatifs.
Nous ne connaissons malheureusement que cet acte de la tragédie lyrique de Bergiron de Briou de Fort-Michon, dont le librettiste reste à ce jour anonyme. La carrière de ce compositeur, né en 1690 à Lyon et mort à Belleville-sur-Saône en 1768 est pourtant fascinante. Tour à tour directeur et maître de musique au Concert et à l’Opéra de sa ville, collectionneur et copiste, chanteur, censeur des ouvrages de théâtre, compositeur et arrangeur, il occupa une place centrale dans le paysage musical de province, ses réseaux de production et de diffusion artistiques.
La partition fait appel à :
- 5 chanteurs (Pentézilée (dessus, scènes 1, 2 ), Briséis (dessus, scène 4), L’Aurore (dessus, scène 7), le Grand Prêtre de l’Aurore (haute-contre, scène 6) et Memnon (basse-taille, scènes 2, 3, 4, 5, 7),
- Chœur à 4 parties : (Dessus (parfois divisés), Hautes-contre, Tailles, Basses)
- Orchestre : Flûtes 1 & 2, Hautbois, Bassons, Dessus de violon (parfois divisés ; parfois en pupitre réduit de « violons de ritournelles »), Hautes-contre de violon, Tailles de violon, Quintes de violon, Basses de violon et Basse continue.
La reprise de cette œuvre en concert ou en spectacle offre une belle fenêtre sur l’opéra en France au XVIIIe siècle avec des rôles tragiques, une tension dramatique, des intermèdes instrumentaux, une belle ouverture, des chœurs héroïques pour une durée d’environ une heure. Le concert pourra être compléter, comme à l’Académie des beaux-Arts de Lyon, d’un grand motet et d’une pièce instrumentale.