Né en 1660, André Campra étudia la musique avec Guillaume Poitevin, maître de chapelle à la maîtrise Saint-Sauveur de la cathédrale d’Aix en Provence qui forma plusieurs musiciens de grand renom (dont Jean Gilles). À sa sortie, ayant obtenu sa prêtrise, Campra, dont la vie semble mouvementée, obtient plusieurs nominations dans le sud de la France. En 1694 il rejoint Paris et obtient la maîtrise de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Il en démissionne en 1700 pour se consacrer librement à une carrière lyrique toute aussi exceptionnelle qui le conduira à la direction de l’Académie royale de musique en 1730. Philippe d’Orléans lui confie en 1723 l’un des quartiers de la Chapelle royale en remplacement de Lalande, où il restera jusqu’à sa mort en 1744.

L’Europe galante d’André Campra est l’une des œuvres majeures de l’opéra français classique. Créée en 1697 sur un livret d’Houdar de la Motte, elle est considérée comme le premier véritable “ballet” joué à l’Académie royale de musique. Ce genre, que l’on a plus tard appelé “opéra-ballet” pour éviter de le confondre avec le “ballet” du 19e siècle, qui est, lui, dépourvu de chant, supplanta rapidement la tragédie en musique dans les faveurs des compositeurs comme du public. Extraites de ce chef-d’œuvre, ces symphonies s’inspirent d’une pratique courante à l’époque d’interpréter des extraits d’opéra sous forme de suite orchestrale dans un cadre privé. L’ouverture, toutes les danses ainsi que les préludes suffisamment développés pour constituer des morceaux à part sont ainsi proposés aux interprètes, dans l’ordre d’origine des pièces, leur offrant l’opportunité de les jouer à nouveau, en concert de chambre ou d’orchestre avec les parties séparées proposées.

Ces Symphonies de l’Europe galante sont écrites pour un orchestre « à la française » à 5 parties (dessus, hautes-contre, tailles, quintes et basses de violon) avec flûtes, hautbois, basson. La basse continue ne jouait pas lors des pièces instrumentales à l’Académie royale de musique, toutefois l’édition de 1724, à partir de laquelle ces symphonies sont tirées, en proposant une, le choix de son utilisation ou non est laissé à l’interprète.