Motets à II, III et IV parties (1681)
Ce recueil, publié par Christophe Ballard en 1681, rassemble un échantillon représentatif du répertoire exécuté à la messe de Louis XIV avant l’installation de la Cour à Versailles. En effet, Henry Du Mont, qui a alors 70 ans, présente au public 37 motets et 3 pièces instrumentales majoritairement composés pour la messe quotidienne de Louis XIV. Le compositeur organise et supervise de près cette édition : le choix des œuvres est somptueux, le sous-maître de la Chapelle royale, en fin de carrière, pouvant se targuer d’un catalogue important.
Le volume contient des motets pour des effectifs vocaux allant de 2 à 4 voix, mais aussi des pièces à 1 voix et 4 motets pouvant s’exécuter « à deux chœurs ». La plupart sont accompagnés par des instruments ad libitum – souvent 1 ou 2 violons (ou violes, le compositeur laissant planer une ambiguïté par l’usage de l’abréviation « viol. ») – et certains nécessitent des « symphonies » (un petit orchestre à cordes). On trouvera là des œuvres élégantes, de caractères variés et d’une exécution relativement aisée.
Dans une préface très détaillée, l’éditeur scientifique présente les nombreuses sources imprimées et manuscrites de ces motets en les décrivant et les comparant très précisément. La question de la circulation des œuvres est abordée – notamment des copies de la main du compositeur anglais John Blow qui furent elles-mêmes copiées jusqu’au début du 19e siècle – la datation des œuvres, les corrections que le compositeur a portées sur les exemplaires imprimés, ses précisions méticuleuses pour les interprètes. Sont également traités la question des effectifs vocaux et instrumentaux, les innovations techniques d’écriture (liaison des chiffrages de basse continue), les ossia, les chiffres de mesure, l’origine et les attributions des textes utilisés, etc.
Ce volume contient, outre la préface en français et en anglais et la musique, tous les textes des motets (avec leur traduction en français et anglais), 13 fac-similés et, en fin de volume, un appareil critique.
Laurence Decobert est conservateur au département de la Musique de la Bibliothèque nationale de France et docteur en musicologie (Paris-Sorbonne). Elle consacre une partie de ses recherches à la musique religieuse en France dans la seconde moitié du XVIIe siècle, a également réalisé plusieurs volumes de grands motets de Henry Du Mont aux éditions du Centre de Musique Baroque de Versailles et prépare actuellement une monographie sur le sous-maître de Louis XIV. Elle s’intéresse par ailleurs à la mise en valeur des collections anciennes du département de la Musique et vient de publier un article sur La collection Philidor dans la Revue de musicologie.
Henry Du Mont propose des effectifs alternatifs pour 12 de ces motets. Présentés dans ce volume critique comme dans l’édition de 1681, ils sont transposés pour les interprètes dans nos « tirés-à-part ». Le motet O nomen Jesu, par exemple, se trouve dans :
• Motets à 2 voix, vol. 1 (voix de dessus), version originale pour voix de dessus et bas-dessus ;
• Motets à 2 voix, vol. 3 (voix d’hommes, 1), pour voix de haute-contre et taille, les voix ayant été, dans ce recueil, transposées à l’octave inférieure comme le suggère Du Mont.